La naissance d’une autofiction

Comment est née l’idée de Coucou la mort ? C’est tout simplement la mort qui a donné le top départ au roman. Comme cela a déjà été développé dans Visions, la naissance d’un roman d’anticipation, je suis un écrivain de roman d’anticipation qui trouve son inspiration dans ses rêves. Dans une période où la mort a chamboulé ma vie en profondeur, j’ai fait un rêve. Ce n’était pas un rêve normal, et tout est parti de là.

À mon réveil, l’écriture du roman a commencé, j’avais reçu une autorisation. J’ai écrit d’abord dans ma tête, puis sur le clavier, et c’est cette aventure que je vais vous raconter. Si vous voulez suivre et par la suite participer à cette aventure, vous pouvez vous abonner au blog.

Au plus profond de la nuit, j’ai entendu cette phrase : « quand la mort est venue faucher sous mes yeux les blés qui m’étaient chers. »

Quand je rêve d’une manière aussi nette, je sais que c’est important, et je sais aussi que si je ne fais pas l’effort de faire passer ce vécu de mon inconscient à mon conscient, en le verbalisant ou mieux encore, en l’écrivant, le message perçu en rêve va progressivement se dissoudre, s’effacer et retourner à sa source.

Il ne restera plus rien, juste la sensation d’avoir raté quelque chose, de ne pas être monté dans un train qui ne passe qu’une seule fois.

Je me suis levé et j’ai couché ce que j’avais entendu sur le papier, en l’écrivant, j’ai su qui me l’avait dit.

J’allais écrire ce livre et je ne savais pas encore comment, et cela ne m’inquiétait pas.
J’avais une revanche à prendre sur l’histoire de la vie.

J’ai commencé à écrire ce roman et je voulais éviter que cela soit une autobiographie car ma petite histoire n’intéresserait personne. J’avais l’habitude d’écrire des romans d’anticipation, c’est-à-dire partir de quelque chose qui pourrait se produire et en faire une réalité.

Prenons l’exemple du Jour d’après : Et si le courant du Gulf Stream s’arrêtait…

Et si un écrivain pouvait parler de la mort à tout le monde, à tous les âges, et s’il écrivait comme un enfant, comme un adolescent puis comme un homme.

Et si son héros grandissait avec le lecteur.

Il suffirait que je prenne mon vécu, que je le transforme, que je le modifie, le torture, le romance afin que tout le monde puisse se l’approprier. Alors j’ai décidé de remplacer biographie par fiction et de faire une autofiction en partant de l’enfance.

Alors coucou comme un enfant.

Coucou à qui ?

Coucou à la mort.

Cela tombe bien, elle ne m’était pas inconnue.

« Quand la mort est venue faucher sous mes yeux les blés qui m’étaient chers. »

L’arc narratif du roman était né : le lecteur suivra le héros tout au long de sa vie, décennie après décennie, avec toujours la mort comme fil conducteur.

Dans la première version de Coucou, aucun personnage n’avait de nom. L’idée littéraire était que le lecteur devienne le personnage central. Les Éditions Laffont m’en ont fait le reproche. Dans un premier temps, je n’en ai pas tenu compte, mais par la suite, j’ai nommé tous les personnages du roman.

Le héros s’appelle Jean Lefranc.

En réalité, ils avaient raison : le roman a gagné en fluidité. J’ai donc donné un nom à tous les personnages, sauf à un seul.

Vous venez d’entrer dans Coucou la mort.

Le héros est un petit garçon nommé Jean Lefranc. J’avais déjà acquis de l’expérience en écrivant pour, et comme un enfant. J’avais appris à le faire en donnant vie à Vampirou, le petit vampire qui ne boit que du lait. Deux des trois albums sont en accès libre sur ce blog.

Les premières pages sont un challenge, un écrivain doit affronter de redoutables ennemis, parmi lesquels on peut citer l’inspiration et le syndrome de la page blanche. Pour ma part, je décroche assez facilement de ce qu’on appelle les fonctions de surface. Il y a aussi notre censeur intérieur, celui qui juge nos idées alors que cela n’a pas lieu d’être. Une idée n’est ni bonne ni mauvaise : elle fonctionne, ou elle ne fonctionne pas. Et parmi toutes les difficultés à surmonter, il y en a une particulièrement redoutable : notre ego.

Pour ce début de roman, l’écriture s’est déroulée sereinement, mais ces adversaires se sont réveillés au chapitre suivant.

Le piège de l’égo.

Fort de ma première partie, je me suis lancé dans la deuxième, la tranche d’âge de 10 à 20 ans.

Les mots, les phrases coulaient, j’étais fier de moi. Je passai donc à l’étape suivante et ma protection contre mon égo m’a tout simplement dit que c’était très mauvais.

Il n’y a qu’une personne qui a ce pouvoir. En temps normal, je pouvais entendre des compliments ou un : ‘tu peux mieux faire’’, ou ‘cela mériterait mieux’, ou ‘tu es petit bras’, mais décrocher une telle remarque est rare, très mauvais sans explication ni justification.

En réalité, c’était effectivement mauvais, elle avait raison. J’ai mis du temps pour le comprendre.

J’étais tombé dans le piège que j’avais justement décidé d’éviter.

J’étais entré dans un style autobiographique, je lui ai dit merci, j’ai tout supprimé et j’ai tout recommencé.

Le censeur.

J’avais nommé trois ennemis de l’écrivain : la peur de la page blanche, le censeur et l’égo.

Mon censeur était extérieur et maintenant qu’il n’est plus de ce monde, je garde en moi ses préceptes. Il ne tolérait pas la vulgarité, il disait que cela ne servait à rien. Il n’y a pas lieu cependant de se donner soi-même des limites dans l’écriture, les lecteurs s’en chargeront.

Mes personnages ne sont ni vulgaires ni grossiers dans l’écriture, sans que cela les empêche de l’être dans la narration. Un récit peut être violent, une scène de sexe torride, sans recourir à un vocabulaire grossier ou vulgaire. Lorsque j’écrivais une grossièreté, je l’entends encore me dire que cela n’apportait rien, cela ne servait pas l’histoire.  

On ne peut éviter d’avoir un censeur, il faut apprendre à le connaître et savoir collaborer avec lui.

Comment est né Coucou la mort.

À dix ans, je me souviens d’avoir rêvé cette histoire : La feuille. Cette nouvelle fait partie du recueil Une autre façon d’aborder l’étrange, publié trente-sept ans plus tard. Depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire des romans d’anticipation.

Pour Coucou la mort, qui est une autofiction, j’étais dans une période de ma vie marquée par le chaos absolu. J’avais perdu mes parents presque coup sur coup.

Quelques années auparavant, j’avais perdu l’un de mes frères, et c’est lui qui est venu me voir en rêve.

Il m’a dit : « Le jour où la mort est venue faucher sous mes yeux les blés qui m’étaient chers. »

Il faisait partie de ces épis de blé, et c’est ainsi qu’est né le roman Coucou la mort.

J’ai reçu le feu vert de ce roman par un rêve et il y a eu une autre interaction avec un rêve plusieurs années plus tard.

J’avais écrit la majeure partie du roman dans sa première mouture où personne n’était nommé. Une nuit, une personne qui m’était chère était en train de mourir à l’hôpital et je ne le savais pas. Cette nuit-là, j’ai fait un rêve : une voix me disait que « la vie se précipitait quand la mort accélérait le pas ».

J’étais à l’hôtel et j’ai noté immédiatement cette phrase sur une feuille de papier avant qu’elle ne retourne d’où elle venait.

Ce matin-là, je ne me suis pas réveillé avec la sonnerie de mon portable, j’ai été réveillé par un appel téléphonique qui m’annonçait sa mort et j’ai fait immédiatement le rapprochement.

Le roman végétait et c’est dans cette deuxième phase d’écriture que les personnages ont pris des noms d’emprunt.

Le roman était fini. Enfin presque fini car je ne connaissais pas la fin, j’étais dans une impasse et je me dirigeais peut-être vers un Coucou la mort 2.

C’est à ce moment-là que quelqu’un m’est venu en aide.