L’histoire s’écrit tous les jours et la mienne aurait très bien pu ne pas commencer.
L’homme qui a été mon grand-père combattait à Verdun, il a épousé une femme et ils ont donné naissance à ma mère qui a rencontré mon père, et je suis venu au monde, parce qu’un obus de 37 millimètres a refusé d’exploser à ses pieds. Cette munition démilitarisée se lègue de génération en génération, et elle ne va pas tarder à changer de main.
Quand je tiens cet obus, je ne peux m’empêcher de penser que la vie ne tient qu’à un fil et qu’un homme ne peut disparaître tant un autre homme le fait vivre dans ses souvenirs.
Vous, en lisant ces lignes, vous l’empêchez de mourir.
Vous retrouvez ce concept dans la littérature, par exemple 1984 de George Orwell, et dans mon roman Coucou la mort. Cet homme est dans mon livre mais il me semble que cette histoire n’y est pas.


Mettre cet objet au pied d’un TIMOR DEI de l’école de Cuzco est pour ma part une mise en scène appropriée. Ce calibre offrait une puissance suffisante pour soutenir l’infanterie sans nécessiter de lourdes pièces d’artillerie, il a été utilisé par les armées françaises et allemandes pendant la première guerre mondiale.
Heureusement, nous pouvons lire ces lignes.
Mais à quoi ou à qui le devons-nous ? Très belle histoire.